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Photo du rédacteurEmmanuelle Rigeade

Pourquoi il ne faut pas laisser pleurer un bébé

Dernière mise à jour : 13 janv.

Question sans cesse posée, sans cesse débattue, et pourtant elle revient à chaque bébé, à chaque nouvelle maman...

Toutes les deux semaines, j'ai la chance d'animer un atelier dans une grosse maternité, sur "le retour à la maison avec bébé". Si vous saviez comment les futurs parents que je rencontrent semblent soulagés quand je leur dis qu'il est formellement recommandé, conseillé et justifié de ne jamais laisser pleurer leur bébé !

Je sens alors tout le poids de leur entourage derrière eux, la peur d'être jugé s'ils prennent trop leur bébé dans les bras, la culpabilisation de trop le surprotéger, la crainte de le rendre dépendant d'eux...


C'est une question certes très débattue, mais il me semblait important d'y apporter un éclairage supplémentaire, pour que ces futurs parents justement vivent l'accueil de leur bébé sans aucune crainte ni culpabilité, mais avec la certitude de faire au mieux pour lui et pour eux.


Tout d'abord, n'oublions pas que le bébé humain est un être vulnérable, immature à tous points de vue, et qu'il a un besoin vital d'être protégé, porté, nourri, câliné par son parent.

C'est grâce à ces soins constants et adaptés que son cerveau va continuer de grandir, que les connexions neuronales vont se faire, et que ses besoins physiologiques seront comblés : chaleur, sécurité, alimentation, hygiène, bien-être.

Cet état d'immaturité dure plusieurs mois, voire plusieurs années !

Il ne s'agit pas de penser que le bébé humain de quelques semaines est capable de s'autoréguler, ni en ce qui concerne ses besoins vitaux, ni son état émotionnel.

Il lui faudra au moins 9 mois pour comprendre qu'il ne fait pas partie intégrante de sa maman, et encore plus de temps pour exprimer clairement ses besoins auprès de son entourage, même si sa communication non verbale est déja très puissante.



Un bébé qui pleure, exprime un besoin.

Point.

Comme tout petit mammifère, il a cette compétence innée de pleurer pour survivre, pour appeler ses parents en cas de besoin, inconfort, danger.


Ce qui me semble fondamental à connaitre pour un parent, c'est que plus on va répondre précocement, sans aucune restriction, et de façon adaptée, aux pleurs de son enfant les premiers mois, et moins il pleurera à la fin de sa première année (Mary Ainsworth).

Savez-vous pourquoi?

Car un contact physique soutenu et fréquent entre le bébé et ses parents les premiers mois, une capacité de ces derniers à gérer leurs interventions en harmonie avec les rythmes de leur bébé, une ambiance contrôlée et prévisible, un plaisir mutuel ressenti par la mère et le bébé, vont participer à la création d'un lien d'attachement très puissant entre le bébé et ses parents.

Ce lien d'attachement, qui permettra un ancrage secure pour le bébé, et pour qui le parent deviendra une base de sécurité inébranlable, d'où laquelle il pourra s'éloigner et revenir en toute sérénité.


En répondant systématiquement aux pleurs de son bébé, le parent va lui signifier qu'il l'entend, qu'il existe pour lui, et va ainsi renforcer son estime de soi et sa confiance en soi, deux valeurs inestimables pour avancer dans la vie.



Donc un bébé pleure, souvent, c'est un fait.

Il a faim, soif, chaud, froid, mal, ça le gratte, ça le gêne, il a peur de quelque chose, il s'ennuie, il se sent seul...

Il n'est pas toujours facile de calmer ses pleurs du premiers coup, on tâtonne, on essaie, on réajuste, mais il est facile d'y répondre dans tous les cas.

Il suffit de dire à son bébé qu'on l'entend, qu'on va chercher avec lui comment le soulager, et que si on n'y arrive pas on sera là pour lui, pour accueillir ses pleurs et passer ce cap avec lui.

On peut alors s'aider du portage, dans les bras ou dans l'écharpe, pour rassurer son bébé, lui redonner des repères qui l'apaisent comme la chaleur, le bercement, les bruits du corps de sa maman qu'il connait tant (son battement de cœur, sa voix).

Le mouvement en lui-même apaise le bébé, car cela stimule son sens vestibulaire, très développé les premiers mois.

Alors s'il est inconsolable, on peut tenter de le promener en portage, ou landau, lui donner du mouvement pour le calmer plus facilement.

Changer d'ambiance, de pièce, d'adulte, sera tout aussi efficace, car le bébé est très sensible au stress de cette situation de pleurs, et va capter très vite ce changement d'ambiance.

Si on est seul, et que la crise de pleurs dure depuis longtemps, cela peut devenir angoissant de ne pas réussir à soulager son bébé, on se sent alors incompétent et inquiet.

C'est un sentiment bien normal, que tous les parents ressentent, et il faut se rassurer en étant bien convaincu que tant qu'on répond à ses pleurs, c'est qu'on est un bon parent, et qu'on fait de son mieux.

Ne pas écouter ses pleurs, le laisser se calmer de résignation et de dépit serait bien pire.


Donc écoutez votre instinct, chers parents !

Si votre cœur, votre corps vous incite à consoler votre bébé qui pleure, c'est qu'il doit en être ainsi. La nature a fait que ce bébé humain ait la compétence innée de pleurer pour survivre, et elle a aussi fait que le parent ait la compétence d'y répondre, grâce à la sécrétion d'ocytocine qui se déclenche à ce moment là et qui vous pousse à le prendre dans vos bras.


S'il s'arrête de pleurer quand vous le prenez dans les bras, "ce n'est pas qu'il a gagné", mais que vous avez juste répondu de façon adaptée à son besoin.

Et en cela vous être un parent empathique et bienveillant, ce qui lui donnera toutes les chances de grandir avec une forte estime de soi, et confiance en vous et en lui.


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