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Les violences éducatives ordinaires

Dernière mise à jour : 30 avr. 2021


Vous avez peut-être entendu parler des “violences éducatives ordinaires”, dites “VEO”. Ce terme, apparu dans les années 2000 sous la plume d’Olivier Maurel, ou d’Alice Miller, désigne les violences utilisées envers les enfants au prétexte de leur éducation, communément admises ou tolérées. En 2016, 87 % des parents français admettaient exercer des pratiques punitives et coercitives sur leurs enfants « à titre éducatif ». En juillet 2019, une loi française a été votée interdisant ces violences éducatives. Mais que sont concrètement les “VEO” ? Et comment lutter contre celles-ci ? On fait le point avec vous.



Les violences éducatives ordinaires


Qu’est ce que c’est ?


Les violences éducatives ordinaires (VEO) sont l’ensemble des pratiques punitives ou à caractère obligatoire utilisées, tolérées et parfois même encouragées dans une société, qui ont pour vocation d'éduquer les enfants.


L’adulte ne pense pas forcément à mal en utilisant ses pratiques : il fait ça “pour le bien de l’enfant” dans de nombreux cas, ou parce qu’il craque. Concrètement, ces violences éducatives peuvent être :

- verbales : moquerie, propos humiliants, cris, injures, donner des surnoms blessants, des étiquettes limitantes...

- psychologiques : menaces, punitions, mensonges, chantage, culpabilisation, laisser pleurer seul, faire peur, mettre au coin, ...

- physiques : gifles, pincements, fessées, secousses, tirer les cheveux ou les oreilles, forcer à finir son assiette, donner une tape sur la main, ...




Les VEO visent à faire obéir l’enfant, stopper un comportement, lui faire apprendre quelque chose ... et aussi parfois à s’épargner le regard de l’entourage lorsque celui-ci est oppressant. Mais elles sont souvent un signe d’impuissance du parent et de sa non compréhension des émotions de l’enfant, ni de sa vulnérabilité.


“Pourquoi appelle-t-on :

Agression le fait de frapper un adulte,

Cruauté le fait de frapper un animal,

mais Education le fait de frapper un enfant ?”

(Catherine Gueguen, pédiatre).





Que dit la loi ?


Une loi relative à l’interdiction des violences éducatives ordinaires est enfin votée le 10 juillet 2019 (loi n° 2019-721) en France, sans pour autant proposer de sanctions pénales associées.


Dans l’article L.421-14 du Code Civil on peut ainsi lire: “L’autorité parentale est un ensemble de droits et de devoirs ayant pour finalité l’intérêt de l’enfant. Elle appartient aux parents jusqu’à la majorité ou l’émancipation de l’enfant pour le protéger dans sa sécurité, sa santé et sa moralité, pour assurer son éducation et permettre son développement, dans le respect dû à sa personne. Les parents associent l’enfant aux décisions qui le concernent, selon son âge et son degré de maturité. L’autorité parentale s’exerce sans violences physiques ou psychologiques.”


La France signe cette loi 40 ans après la Suède, et dans un climat social peu accueillant envers elle. La majorité des parents pensent encore que “mettre une petite fessée ne tue personne”.


Condamner les VEO : un changement de regard sociétal sur les enfants


La révolution liée aux neurosciences


Dès les début du XXIème siècle, les sciences nous ont éclairé sur le fonctionnement cérébral de l’enfant :

- son cerveau est immature, et incapable de raisonner comme les adultes, ou de temporiser les émotions qui le submergent : le jeune enfant est donc bruyant et réactif par définition, et nous devons seulement lui laisser le temps de maturer.

- son cerveau est très plastique, et apprend des milliers de choses par jour, pour développer son autonomie, son intelligence et ses capacités relationnelles. Cet apprentissage se fait plus facilement dans un climat encourageant et bienveillant, et quand l’enfant peut découvrir le monde avec plaisir, le manipuler sans limites.

- son cerveau est très vulnérable, et sensible aux interactions avec son environnement : il se développera moins facilement si l’enfant subit des maltraitances ou négligences, ou même si son réservoir de stress est trop souvent plein. Il n’apprend rien par la peur, si ce n’est de reproduire des comportements violents similaires.